A la Chenaie, 9 août 1827.
Monsieur le comte,
Je reçois votre lettre du 50 juillet. Vous avez dû recevoir, depuis ma triste lettre du 27, des bulletins de plus en plus satisfaisants sur-l'état de l'abbé Féli. Le dernier vous a appris qu'il n'y avait plus de danger, et je vous en confirme aujourd'hui l'assurance.
La convalescence fait des progrès. Il prend de jour en jour une nourriture plus substantielle. Le médecin lui a dit aujourd'hui qu'il pourrait entendre la messe le jour de l'Assomption. La voix est déjà presque sa voix ordinaire. Il aime à causer -de temps en temps, et je n'ai pas besoin de vous dire que ses amis de Turin ont été dans ses premières paroles. Il a été traité parfaitement par M. le docteur Bodinier, de Dinan, dont le zèle et l'habileté méritent beaucoup de reconnaissance. Après Dieu, c'est lui qui l'a sauvé.
Je me proposais de vous donner dans cette lettre l'historique de cette maladie si affreuse d'uue part, et si admirable de l'autre; je ne le puis pas encore aujourd'hui. Je l'ai veillé la nuit dernière, et ce soir je suis bien fatigué. Veuillez excuser ce retard en faveur de sa cause. Le commissionnaire part demain de grand matin. Pour achever de vous tranquilliser, j'ajoute que M. l'abbé Jean est parti de la Chenaie mercredi, pour aller terminer quelques affaires qui réclamaient sa présence. Cela seul vous rassurerait sur l'état du cher convalescent. Dans mes lettres troublées, j'ai omis les hommages de M. l'abbé Jean. — Mille respects.