[p. 1] Ce mercredi 1
J’attendais de vos nouvelles, mon ami, en même [temps] que votre article dans la Revue des deux mondes : a-t-il paru2 ? Comment va votre santé ? Je trouve le temps bien long sans en recevoir, voilà pourquoi je viens vous ennuyer un instant. Pouvez-vous parler davantage sans fatigue ? Voyez-vous quelques amis à Champrosay ? Enfin, ami, j’ai besoin de savoir de vos nouvelles, et quelques détails sur votre vie campagnarde.
[p. 2] Nous avons eu de bien beaux jours, malheureusement qui s’assombrissent un peu : vous avez dû faire de ravissantes promenades dans vos bois.
Moi, je cours toujours beaucoup sans m’amuser davantage. Mon chalet de Madrid m’occupe, mais il a été si long à établir que je ne puis encore m’y installer pour la journée3. Il sera gentil, et j’y ferai de bonnes stations.
Répondez-moi un mot, je serai bien heureuse d’avoir de vos nouvelles.
Les Cerfbeer se portent assez bien, ils vont partir à la fin de ce mois ; tout le monde quitte ce Paris poudreux et fatiguant [p. 3] par la chaleur. Je resterai bien seule. Eugène est de retour depuis quelques jours. Sa santé est meilleure, ce qui le rend plus gai, plus communicatif. Il va prendre le mois prochain les eaux d’Aix en Savoie. S’il n’en retire pas beaucoup de bien pour ses rhumatismes, au moins fera-t-il un beau voyage.
Et votre atelier, est-il en train ? Votre appartement de Paris doit vous occuper, et vous devez y faire quelques petits voyages : venez nous voir, nous serons bien heureux de passer quelques bons moments avec vous.
Adieu, cher et bon ami, ne m’oubliez pas tout à fait et recevez toutes mes tendresses. Amitiés d’Eugène.
Be de Forget.