1777-12-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Catherine II, czarina of Russia.

Madame,

Je reçus hier au soir un des gages de vôtre immortalité, Le code de vos loix en allemand dont Vôtre Majesté Impériale daigne me gratifier.
J'ai commencé dès ce matin à le faire traduire dans la langue des Welches; il le sera en Chinois; il le sera dans toutes les langues; ce sera l'évangile de l'univers.

J'avais bien raison de dire il y a treize ans que tout nous viendrait de l'étoile du nord.

J'ai pris la Liberté d'adresser il y a quinze jours à Vôtre Majesté par des chariots de poste d'Allemagne Le prix de la justice et de l'humanité. C'est un petit coup de cloche qui annonce vos bienfaits au genre humain. Nous sommes deux membres de la société de Berne qui avons déposé chacun cinquante Louis d'or pour le concurrent qui fera le projet d'un code Criminel le plus aprochant de vos loix, et le plus convenable au païs où nous vivons.

Je voudrais qu'on proposât un prix pour celui qui trouvera la manière la plus prompte et la plus sûre de renvoier les Turcs dans les païs d'où ils sont venus, mais je crois toujours que ce secret n'est réservé qu'à la première personne du genre humain qui s'appelle Catherine seconde. Je me prosterne à ses pieds, et je crie dans mon agonie allah allah Catherine rezoul allah.

J'ose conjurer votre majesté impériale de daigner se souvenir de son plus sincére admirateur le vieux malade

V.