[c. October 1742]
Je baise les barbes de la plume du sage Aunillon, fils d'Aunillon, resplendissant entre tous les imans de la loi du Christ.
Votre lettre a été pour moi ce que la rosée est pour les fleurs, et les rayons du soleil pour le tournesol. Que dieu vous couronne de prospérité comme vous l'êtes de sagesse, et qu'il augmente la rondeur de votre face! Mon cœur sera dilaté de joie, et la reconnaissance sera dans lui comme sur mes lèvres, quand mes yeux pourront lire les doctes pages du généreux iman qui fortifie la faiblesse de mon drame par la force de son éloquence. J'attends avec impatience sa docte dissertation. Mais comme la poste des infidèles est très chère, et que le plus petit paquet coûte un sultanin, je vous supplie de vouloir bien faire mettre promptement au coche de Bruxelles cet écrit bien ficelé et point cacheté, selon les usages de la peu sublime porte de Bruxelles. Ce paquet arrivera en six ou sept jours, attendu qu'il n'y a que dix-sept cent vingt-huit stades de la ville impériale de Paris à celle où la divine providence nous retient actuellement. Que dieu vous accorde toutes les églantines de Toulouze et toutes les médailles des quarante! que le bordereau de la fortune tombe de ses mains entre les vôtres!
Ecrit dans mon bouge, sur la place de Louvain, affligé d'une énorme colique, le 8 de la lune du 9e mois, l'an de l'hégire 1122.
Si la divine providence permet que vous voyez le plus généreux et le plus aimable des enfants des hommes, d'Argental, fils de Feriol, dont dieu croisse la chevance, nous vous prions de l'assurer que nous soupirons après l'honneur de le voir avec plus d'ardeur que les adÿe ne soupirent après la vue de la pierre noire de Caaba, et qu'il sera toujours, ainsi que sa compagne, ornée de grâces, l'objet des plus vives tendresses de notre cœur.