1746-01-25, de Pierre Robert Le Cornier de Cideville à Voltaire [François Marie Arouet].
En vain une Peste cruelle
Vous déchiroit les intestins,
L'Ange heureux de la France étend sur vous son aisle
Et la douleur se tait, quand parlent ses Destins:
A leur voix, vostre main par la gloire afermie
Consacre à la postérité
Ces sièges, ces Combats, qui dans un seul Eté
Malgré cent mille bras d'une Ligue ennemie
Ont soumis à Louis l'Escaut ensanglanté….
Mais quand vostre héros sous des Lauriers respire,
Il laisse à son historien
Un repos, qu'il acorde bien
Aux Ennemis de son empire.
Bientost,… et Venus en soupire,
Sans attendre au Printemps, qu'il ne compte pour rien,
Mars de son fier clairon va réveiller la Lyre,
Le vainqueur au Poëte apreste de quoy dire
Et vous devés, en Citoyen,
Vous ménager pour y suffire.
Avant qu'acompagnant le Roy,
Vous le peigniés portant et la mort et l'effroy
Sous les traits du Dieu des Batailles,
Luy qu'on prit si souvent pour l'Amour à Versailles.
J'iray, cher Vandermeule, en ton docte taudis
De nos derniers exploits voir les crayons hardis,
Je n'y ay point suivi le plan sur la gazette,
Car vous saurés qu'en ma retraite
Ce mois de juin je n'ay porté
Que l'image des Lieux que désoloit la guerre.
Ah qui jamais se fût douté
Qu'il s'agiroit de l'Angleterre?
Mais je n'y seray plus repris.
Je le vois quand son foudre gronde,
Pour savoir où frape Louis
Il faut porter la Mappemonde.