1731-09-01, de Jean Baptiste Nicolas Formont à Voltaire [François Marie Arouet].
Sur nos ayeux dans une obscure nuit
Régnoit en paix La stupide ignorance
Lorsque Murat par Apollon conduit
Vint au Bangaut Redoner La naissance,
Ingénieux, simple, mais varié
Son tour gaulois aujourd'huy plait encore,
De L'art des vers en ce siècle oublié
Dans ses écrits on voit Briller l'aurore.
Malherbe ensuite à ces foibles Rayons
Fit succéder une clarté plus vive,
L'un grand, pompeux, en ses doctes chansons,
L'autre plus doux sur sa Lyre naive,
Mais Le plein jour n’étoit point arivé.
Nous L'avons vu, Les Boileaux, Les Corneilles
Sur Le parnasse avec soin Cultivé
Ont enfanté Les plus hautes merveilles.
Ce jour si pur est prest à s’éclipser,
Rousseau Languit et sa muse vieillie
En ses efforts commence à se Lasser.
C'est son esprit, ce n'est plus son génie.
A soutenir ses antiques humeurs
Peuple français, encourage Voltaire,
Seul en ces temps Caressé des neuf seurs
Il nous tient Lieu de Sophocle et d'Homere.