1777-09-02, de Louis François Armand Du Plessis, duc de Richelieu à Voltaire [François Marie Arouet].

Votre letre du 27 d'augustule, m'a fait grand plaisir mon cher Voltair, car j'y vois ce même ton que vous avés reprits à l'ordinaire qui m'anonce la fausseté de ce que l'on m'avoit dit sur votre santé.
La miene est fort bone, aussi gardons les, le plus longtems que nous pourons dans le même état. Il ya quellque jours que me de Guitri, abesse de la grosse abeye de la Ville de Renne, écrivoit de sa main à un de ses amis, j'ai aujourdui cent quatre ans et je veux en vivre 150, je suis bien fondée à le croire, me portant absolument come je faisoits il y a cinquante, et mon souhait a plus de Vraisemblance qu'il n'y en avoit que je n'arivasse à 104 aussi bien portante. Elle avoit assurément raison, mais quoique cela ne fasse pas preuve que tout le monde puisse rencontré aussi bien en toute conjoncture pareill cela peut au moins doner de l'espérance. Il est certain que quand nous étions à Forges il ya quarente cinque ans où toutes les glande de vos intestins étoient dures et grosses sensiblement et preniés des lavements jusqu'à six pendant que je faisoits un soupé très frugal, vous ne vous portiés pas aussi bien que Vous faite encore, ainsi prenés courage mon cher Voltair, Votre âme doit pousser votre corps beaucoup plus loin que touts les autres et j'esper bien vous embrasser encore longtems et bientost mais pour cela il faut avoir assés de force d'esprit pour ne point s'afecter de rien et mépriser les fourmis qui Voudroits Vous doner des démangeaisons aux pieds ne pouvant faire. Voilà à quoi tient Votre existence et la miene vous aimera jusquà son dernier moment.