1777-01-09, de Jean Gal à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

N'aurais-je jamais plus de vos chères nouvelles?
Faudrait il que je vous envisageasse comme si vous n'éxistiés déjà plus pour moi? Mon affliction serait extrème, & j'aurais assurément besoin de consolation. Si vous voulés donc me procurer un des plus doux plaisirs que je puisse avoir dans la vie, daignés, Monsieur, m'apprendre que vous vivés encore, & que vous voulés bien m'honorer toujours de vôtre protection. Vous ne sauriés écrire à homme du monde qui vous aime plus sincèrement que je le fais. Ce furent, Monsieur, de fausses allarmes que celles qu'on me donna de Paris, & dont j'eus l'honneur de vous faire part. On nous laisse en paix, & tant qu'on lira vos Livres, on tolérera les opinions, les crimes seuls seront punis. Il n'est point de biens que je ne vous aye souhaités dans cette nouvelle année, & toujours je prierai Dieu de verser sur vous tout ce qu'il a de bénédictions. J'ai l'honneur de vous en assurer, & d'être avec un respect peut être beaucoup plus vrai que celui qu'on a pour les Rois même,

Monsieur,

Vôtre très humble & très obeïssant serviteur

Pomaret