à Ferney 14e 9bre 1776
Sur ce que Monsieur De Crassy m'a fait l'honneur de me dire au sujet du sel de la province de Gex, j'oserais représenter à Leurs Excellences que l'intérêt de leurs sujets est le même que le nôtre.
Que les commis des aides et gabelles de France dont nous sommes délivrés, ne peuvent plus empêcher que nous fournissions du bled aux Bernois, et ne peuvent plus leur faire paier des traittes considérables au passage de Versoy.
Sur ce fondement la province de Gex s'est soumise à paier en indemnité aux fermiers généraux Trente mille francs par année, et nous avons obtenu du Roi la permission indéfinie d'acheter et de vendre du sel où nous voudrions.
Il s'agirait actuellement d'obtenir de Leurs Excellences assez de Sel pour fournir dix mille écus de bénéfice à la province, qui n'est pas actuellement en état de les paier à la ferme générale de France.
Si on peut obtenir des délais de messieurs les fermiers généraux, comme celà se pratique très souvent, je m'engagerais à acheter dans le Canton de Berne, sous le bon plaisir de Leurs Excellences, assez de Sel pour le faire vendre au profit de la province de Gex, pour l'aider à paier les dix mille écus convenus.
Pour cet éffet je suplierais Leurs Excellences d'ordonner qu'il ne fût vendu dans leur souveraineté aucun sel qu'en mon nom et à mes aiant-cause pr le pays de Gex. Je ferais paier ce Sel aux ordres du souverain Conseil de Berne, aux termes et au prix qu'il jugerait à propos de me prescrire.
Je tâcherais par là d'être utile au païs de Gex et de mériter les bontés de Leurs Excellences.