1775-10-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny.

Quoique je sois tombé un peu rudement dans un état assez triste, qui est la suite ordinaire de mon âge, je n'ai rien perdu de ma sensibilité, et j'éprouve toujours les sentiments les plus vifs de la reconnaissance que je vous dois.

Je m'en rapporte entièrement à votre justice et à votre sagesse sur l'indemnité que vous accorderez à messieurs de la ferme.

Nos états ne sont point assemblés; mais si vous avez quelques ordres à me donner, j'avertirai sur le champ messieurs les syndics, qui sont dispersés à la campagne.

J'ose croire d'ailleurs que messieurs les fermiers généraux accepteront, comme nous, vos ordres. Vous ne faites que les délivrer d'un fardeau inutile; vous opérez à la fois leur bien et le nôtre; nous vous devons toutes les actions de grâces.

J'ai l'honneur d'être, avec respect et reconnaissance, monsieur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur.

Voltaire