du plus heureux séjour, ce 8 7bre 1775
Mon adorable maître,
Quelle vie je menne depuis quinze jours dans ma délicieuse retraite! non, nul mortel dans le monde ne peut être plus heureux que moi.
J'ai rassemblé ici une société charmante, tous ceux qui la composent s'occupent des lettres, les cultives avec succès, et sur tout sont tous idolâtres de vos immortels ouvrages. On a réprésenté jusqu'à présent Alzir, Merope, l'orphelin de la Chine, Tancrède et les loix de Minos; le mqis de Chauveron et mde la ctesse de Laramiere y ont joué les prémiers rôles. Mais ce qui mit hier le comble à nos plaisirs, c'est que ma petite fille âgée de neuf ans, qui, je crois, est un enfan unique par ses talants, témoins de nos regrets de ne pouvoir donner une représentation de Zair, ma fille étant trop enrhumée, a appris sans dire mot à personne, ce rôle qui a fait tant verser de délicieuses larmes. Oui mon cher maître elle l'a appris non comme un enfan, mais comme aurait pû faire mde Deni, et l'a rendu avec des grâces, une intelligence, et une sensibilité, qui, ou je me trompe fort, ferait tourner la tête à tout Paris si on y voyait un pareil phénomène. Ce n'est pas le seul plaisir que se charmant enfan nous a fait éprouver. Il y a quelques jours qu'elle nous récita la Henriade toute entière sans hésiter, et avec des nuances de discernement et d'intérêt qui annoncent qu'elle fera un jour honneur à son sexe. C'est sans doute ajouter, mon adorable maître, un nouveau charmes aux journées remplie et heureuses dont nous jouissons que de vous en faire hommage. Je devient dans ce moment ici l'interprète fidèle de tout ce qui habite mon vieux château respecté par les tems. Recevez le avec votre bonté ordinaire et l'assurance éternelle de mon attachement, de mon admiration, et de tout mon respect.
Mettez moi aux pieds de mde Deni.
Savez vous que mr le Maréchal de Mouchi c'est fait récevoir à Perigeux pénitent NOIR dans ce dernier voyage ici?