Le 31 aoust 1746
Je n'ay pas manqué, Mde, à faire part à mde Du Boccage, des Louanges que vous luy donnés sur son Poëme; elle est sensible, comme elle le doit, à un sufrage tel que le vostre, et pour Le mériter à plus juste titre, elle trauaille depuis plus d'un an à faire en vers françois une traduction d'un des plus fameux Poëtes de l'Angletterre, car elle sait fort bien l'anglois.
Elle lit son Horace et son Virgile Latin comme vous, comme vous, Madame, elle a pensé de bonne heure que ce n'est pas assés que de Parer une jolie figure, et que l'esprit a une beauté plus satisfaisante et plus durable, qui mérite qu'on ait soin de son ornement. Je vous suis bien obligé, Made, de me faire part de vostre association à l'institut de Bologne. J'en fais également mon compliment, et à vous Madame et à cette société sauante. Il y a Longtemps que j'ay sur le coeur, l'injustice que l'on fait à vostre sexe aussi ingénieux qu'aimable, de ne pas l'admettre en France dans nos académies; je crois en auoir deuiné la raison.
Je vous prie de me permettre d'assurer mr. de Voltaire de mon tendre respect. Engagés le, à se ménager. Pourquoy faire une tragédie en trois semaines?