à Rouen ce 23 [25]juillet 1746

Voicy Les Prémices, de nostre Académie, et à ce seul titre ils sont bien dus à m^de La marquise du Chastelet et à m^de La marquise de Pompadour et à vous à qui nous les offrons.
Cette pièce a besoin d'indulgence; mais c'est sans contredit la meilleure des 15 que nous avons reçües. Nous n'avons pas cru devoir remettre de donner un Prix que nous donnions pour la première fois; d'ailleurs nous n'avons pas été faschés de saisir la seule ocasion que nous aurons de ressembler en quelque chose à l'Académie françoise; la première fois que cette illustre compagnie donna le prix fondé par mr. de Balzac, il fut remporté par m^elle de Scudery en 1671, et la première fois que nous distribuons le nostre, il est remporté par m^de Dubocage, née de plus à Roüen; j'ay cru que m^de la marquise de Pompadour seroit sensible à l'honneur qui en revient à son sexe de l'emporter par l'esprit comme par la Beauté et que m^de La marquise Du Chatelet qui connoit l'un et l'autre triomphe verroit avec plaisir, qu'il est une femme à trois rües de la sienne, qui cherche à se distinguer dans les belles Lettres comme elle se distingue dans les sciences; faites valoir l'intention de l'autheur, comme l'envie de plaire de celuy qui a l'honneur de vous envoyer ces vers…. Je suis avec la plus véritable admiration et La plus tendre amitié, illustre ami vostre &c.