1743-02-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mon cher ange, vous venez toujours à mon secours du haut du ciel de la sagesse.
Le génie de Socrate ne vous valoit pas. Mais puisque vous pénétrez dans mon cœur, voyez y donc que jamais je n'ay eu la plus légère idée de rien faire que de concert avec melle Gaussin pour qui j'ay amitié et reconnaissance. Il n'est nullement question de donner Zulime après Merope, comme pièce nouvelle; point d'appareil, point d'air. Les comédiens pouront seulement répéter Zulime en votre présence avant mon départ pour Cirey pour voir l'effet que la pièce doit faire. Ensuitte on pouroit en annoncer une seule représentation, ou la dernière semaine de carême, ou après pâques, et si cette représentation réussissoit, on en donneroit une seconde. Voylà tout et point de Merope le mercredy des cendres. Vous êtes le plus adorable des anges; je baise aussi le bout des ailes de votre angélique moitié avec bien du respect.

V.