1740-02-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mon cher ange saura que j'ai reçu aujourd'hui sa lettre et le cinquième acte de Zulime; que j'ai obéi sur le champ, que j'ai travaillé, que j'ai renvoyé le tout.
Mes anges, je suis votre diable de la chose impossible; vous ordonnez toujours, et je rabote toujours. Mais Zulime réussira-t-elle? Je l'espère à la fin. J'ai relu ce cinquème acte avec quelque satisfaction. Marions donc Zulime avant d'établir son gros frère Mahomet. Qu'est ce que cette comédie nouvelle qu'on joue? Me voilà probablement remis après le saint temps de Pâques. Tant mieux, je n'ai dans tout ceci ni lenteur ni empressement dans l'esprit: jamais mes anges ne trouveront créature plus résignée; d'ailleurs, je suis si heureux ici que rien ne m'inquiète. Adieu, couple adorable; il ne me manque que vous. J'écris à m. de Pont-de-Vesle et à mademoiselle Quinault.