1775-08-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny.

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous envoier la copie des propositions que vous avez la bonté de nous faire, suivie de l'acceptation et des très humbles remerciements de nos états.

Vous étiez, Monsieur, bien plus instruit de l'état et des besoins de nôtre petite province que je ne l'étais, moi qui l'habite depuis vingt ans. Vous nous instruisez, et vous nous comblez de bienfaits.

C'est à vous, Monsieur, de décider si vous aimerez mieux ordonner que la ferme générale nous délivre le sel au même prix qu'à Genêve, ou si vous voulez que nous soions libres de l'acheter de Genêve, de la Suisse et de Savoye, à nôtre choix.

Si vous permettez que la ferme nous le vende au prix de Genêve ce sera un plus grand bénéfice pour nôtre pauvre province. Si vôtre intention est toujours que nous l'achetions des Genevois, c'est un autre bienfait dont nous sommes également reconnaissants. Dans l'un et l'autre cas nous vous regardons comme nôtre bienfaiteur, et nous attendons vos ordres avec la gratitude la plus respectueuse.

Tels sont nos sentiments, et surtout celui du vieillard pour qui vous avez tant de bonté, et qui est avec autant de reconnaissance que de respect

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire