23e xbre 1775, à Ferney
Mr,
Depuis l'acceptation unanime de vos bienfaits, et nôtre prompte soumission à paier trente mille livres d'indemnité à la ferme générale, j'aprends des choses dont je crois vous devoir donner avis.
Il vous souvient qu'autrefois lorsque vous étiez prêt de faire à nôtre païs la même grâce, on suscita je ne sais quels ouvriers lapidaires de la ville de Gex pour s'y opposer. On se sert aujourd'hui du même artifice.
Ces prétendus lapidaires n'ont pas un pouce de terrain dans la province. On m'assure même qu'on a signé des noms de gens qui n'éxistent pas.
Je ne fais nulle réflexion sur cette manœuvre, je la soumets à vôtre jugement et à vos ordres, ainsi qu'à ceux de Monsieur Le Controlleur général.
Un nommé Le Gros sort de chez moi dans le moment. Il propose, conjointement avec le sr Sedillot, receveur du sel de la province pour les fermiers généraux, et avec le sr Lachaux, receveur du domaine, de fournir de Sel le païs de Gex au prix qui nous conviendra, et se chargent de paier pour nous les trente mille livres à la ferme générale.
Il prétend que la république de Genêve, veut bien dès à présent lui céder mille minots au même prix qu'elle les a reçus, pourvu que vous l'aprouviez conjointement avec Monsieur le controlleur général.
Je lui ai demandé s'il avait parlé de cette affaire à Mr Fabri, il m'a répondu que oui, que Mr Fabri a reçu ses offres avec transport, et qu'il n'attend que la consommation de l'affaire des franchises pour transiger avec cette nouvelle compagnie au nom de la province, bien entendu que le marché fait avec cette compagnie n'empêcherait point les particuliers de se pourvoir de Sel où ils voudraient.
Il n'y a encor rien de signé entre cette compagnie et Mr Fabri, subdélégué de Mr L'intendant.
Je me borne, Monsieur, à vous dire simplement les faits, et à vous renouveller les justes sentiments de ma reconnaissance.
J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect
Mr.