1776-10-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur,

On vient de me dire que Messieurs de Berne offrent à Monsieur de Menton cinq mille minots de sel pour nôtre province, au même prix qu'ils nous en ont déjà donné.
Je vous prie d'avoir la bonté de m'informer si cette nouvelle est vraie.

On ajoute qu'il se présente une compagnie qui offre de paier au nom de la province, les trente mille Livres dues aux fermiers généraux, pourvu, seulement, qu'elle ait la liberté de débiter le sel à un prix dont on conviendra avec Messieurs des Etats.

Si tout celà est vrai, Messieurs, vous devez en être instruit. Un tel arrangement délivrerait la province d'un impôt cruel, et vous épargnerait des peines infinies. Mais je doute fort de la vérité d'une si heureuse avanture.

Je ne suis bien certain que de l'amitié que vous voulez bien avoir pour moi, et du tendre et respectueux attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant servieur

Voltaire