Ferney, 12 avril [1776].
Il ne faut pas être honteux, monsieur, avec un ministre tel que le nôtre.
Je ne veux certainement pas fatiguer ses bontés, mais je lui demande en grâce d'ordonner qu'on fasse un petit recueil de tous les mémoires, bons ou mauvais, dont le pays de Gex l'accable. Il verra ensuite ce qu'il doit accorder ou refuser; il décidera ce qui doit être réputé France, ce qui doit être compté provinces étrangères.
La seule chose que je puisse certifier jusqu'à présent, c'est que les fermiers généraux et le pays de Gex doivent ètre également satisfaits. Le principal bureau des fermes, nommé Longerey, sur notre frontière, produit déjà à la ferme des sommes très-considérables, ce qui prouve évidemment que la ferme elle-même aurait du demander ce qu'on lui avait depuis si longtemps proposé.
Je ne puis, monsieur, finir ma lettre sans de nouveaux remerciements, et sans vous demander encore des nouvelles des prétendus douze mille huit cents minots de sel par an dont on nous a tant flattés.
Continuez, je vous en conjure, vos bontés pour votre très humble et très-obéissant serviteur.
Le vieux malade de Ferney.
V.