1774-03-26, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, Il n’i a que les gazettes qui font beaucoup de bruit du brigand Pougatschef, lequel pour sûr n’est en relation directe ni indirecte avec Mr du Thot.
Je fais autant de cas des canons fondu par l’un que des entreprises de l’autre. Mr Pougatschef et Mr du Thot cependant ont cela de comun que l’un tout les jours frise la corde de chanvre tandis que l’autre est exposé à un cordon de soye. Diderot est parti pour retourner à Paris. Nos conversations ont été très fréquentes, sa visite m’a fait un très grand plaisir. S’est une tête bien extraordinaire, on n’en rencontre pas souvent de pareille, il a eu de la peine à nous quiter, il m’a dit que s’étoit la marque la plus forte d’attachement qu’il pouvoit doner à sa famille que de l’aller rejoindre. Je lui manderai le désir que Vous avés de le voir, il s’arrettera quelque tems à la Haye. Cette lettre répond à la Vôtre Monsieur du 2 Mars n: st: Je n’ai pour le présent rien d’intéressant à Vous mander, mais je ne me lasserai jamais de Vous répéter les sentimens d’estime d’amitié et de considération que Vous m’avés inspirés depuis longtems.

Caterine