ce 24 d'auguste [4 September n. s.] 1774
Monsieur, Quoique très plaisament Vous prétendiésêtre en disgrâce à ma Cour, Je Vous déclare que Vous ne l'êtes point.
Je ne Vous ai planté là ni pour Diderot ni pour Grim ni pour tel autre favori. Je Vous révère tout come par le passé, et quoiqu'on Vous dise, sur mon honeur je ne suis ni volage ni inconstante. Le Marquis Pougatchef m'a doné du fil à retordre cette anée, j'ai été obligée pendant plus de six semaines de doner une attention non interrompuë à cette affaire, et puis Vous me grondés et me dites que Vous ne voulés plus aimer d'Impératrice de Votre Vie. Cependant il me semble qu'ayant fait une si jolie paix, et pour sa forme et pour sa façon, avec ses Turks Vos enemis et les miens, je mériterai de Votre part quelque indulgence et point de haine. Malgré mes occupations je n'ai point oublié encore l'affaire de Rose le Livonien Votre protégé. Son sauf conduit n'a pu être expédisé à Lubek come Vous le désiriés parceque Rose outre ses detes s'est sauvé de prison et a emporté quelques milliers de roubles à différentes persones et qu'il seroit remis tout de suite en prison malgré son sauf conduit qui ne sont guère en usage chés nous. Je n'ai reçue de Vous point d'autres lettres depuis plusieurs moi que celle au sujet de Rose, et par conséquend je n'ai aucune connaissance du Français dont Vous me parlés dans Votre lettre du 9 de ce mois. Mais envérité Monsieur j'aurais envie de me plaindre à mon tour des déclarations d'extinction de passion que Vous me faite si je ne voyois au travers de Votre dépit l'intérêt que l'amitié Vous inspire encore pour moi. Vivés Monsieur et raccomodons nous, car aussi bien il n'i a pas de quoi nous brouiller. J'espère bien que Vous rétracteré par un Codiçile en ma faveur, ce prétendu testament si peu galant. Vous êtes bon Russe, Vous ne sauriés être l'enemi de
Caterine