1752-01-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Je vous ay traittée madame, comme j'ay traité dieu, le roy, les reines. Je n'ay rien vu de tout cela, mais je regrette de ne vous avoir pas fait ma cour. Vous m'appelez inconstant et je ne suis que malade. Je vous jure que vous ne me verrez point aujourduy chez la reine, mais demain si je peux sortir j'auray l'honneur de venir chez vous. Je seray aux ordres de madame la duchesse de Brunswik quand je me porteray mieux, et aux vôtres toutte ma vie. C'est sur quoy vous pouvez compter. Si je ne passais pas ma vie dans les tourments et dans la retraitte, je vous fatiguerais de mes assiduitez, et le nom d'importun me serait alors prodigué aulieu de celuy de volage.

V.