au château ce 25 aoust 1750
Je crois mylord que pour prévenir les longueurs et les difficultez qui pouroient peutêtre se rencontrer dans une expédition de lettres patentes, il sera baucoup plus aisé et plus simple que M. le marquis de Puisieux ait la bonté d'envoyer une permission illimitée conçue à peu près en ces termes: nous permettons au S r de V. notre historiografe et notre gentilhomme ordinaire de demeurer hors de notre royaume autant de temps qu'il avisera bon être et de recevoir du roy de Prusse touttes les marques de faveur et de distinction dont le roy de Prusse veut l'honorer sans que pour ce il cesse de jouir en France de ses droits et prérogatives.
Il me semble que cette tournure prévient tous les cas qu'il faut toujours prévoir, me laisse la liberté de revenir finir mes jours dans ma patrie, et celle de rester auprès du roy de Prusse, et surtout me conserve le titre de domestique du roy dont je suis plus jaloux que de touttes les faveurs singulières dont je puis être comblé ailleurs.
Vous pouriez milord avoir la bonté d'insérer aujourduy dans votre paquet à M. le marquis de Puisieux ce billet que j'ay l'honneur de vous écrire. Il peut d'ailleurs compter qu'il aura icy en moy le serviteur le plus zélé et le plus reconnaissant. J'y seray toujours à vos ordres. J'auray l'honneur d'en dire davantage à votre excellence si mon mal de gorge me permet de sortir aujourduy et de venir vous assurer de mon tendre respect et de ma reconnaissance.
V.