N. XVI. le 9/20 mai 1760 à Genève
Monseigneur,
Je n'ai rien à dire de nouveau à votre excellence, concernant l'histoire. Il court ici un bruit, comme si le roi de Prusse a fait brûler à Berlin les œuvres du philosophe de Sans-souci par la main du bourreau, désavouant plusieurs changements dans ces pièces, et promettant de donner bientôt une édition complète pour faire voir les erreurs de celle-ci. Monsieur de Voltaire l'ayant su dit qu'il est un homme capable de le faire, mais que le public ne sera pas si aveugle pour donner dans le panneau. On lui demanda, s'il y a longtemps qu'il a reçu des lettres du roi: je crois, répondit-il, que nous romperons bientôt; il y a déjà plus de quinze jours que je n'ai de lui aucune nouvelle.
J'ai l'honneur de me recommander dans la très gracieuse protection de votre excellence, étant avec le respect le plus profond et le plus zélé
Monseigneur
de votre excellence
le très humble et très dévoué serviteur
Boris Solticoff