1760-10-28, de Count Boris Mikhailovich Saltykov à Count Ivan Ivanovich Shuvalov.

Monseigneur,

J'ai remis les lettres de Pierre le grand selon les ordres de votre excellence. La réponse de monsieur de Voltaire fut, qu'il reçoit des mémoires des pays étrangers sans en avoir de nous. Il me pria de vous écrire, monseigneur, qu'il lui faut au moins des extraits des négociations du monarque dont il écrit l'histoire, et qu'il faudrait se dépêcher parce qu'il craint de n'avoir pas assez de temps pour achever cet ouvrage ayant près de soixante et dix ans. Il est vrai que sa santé ne répond pas à ses paroles. Le premier tome est déjà contrefait dans deux ou trois endroits à ce qu'il m'a dit. Sur ce que la modestie de votre excellence m'ordonna de lui dire, c'est un mérite de plus qu'il ajoutera, à ce qu'il paraît, aux autres. Je ne sais assez exprimer toute la reconnaissance que je sens pour les encouragements les plus gracieux, auxquels je puisse m'attendre de la part de mon Mecène. Monsieur de Voltaire ne cesse de faire des éloges à notre empire sur tous les progrès qu'il fait.

J'ai l'honneur de me recommander dans la très gracieuse protection de votre excellence, étant avec le respect le plus profond et le plus zélé,

Monseigneur,

de votre excellence
le très humble et le très obéissant serviteur
Boris Soltikoff