Monseigneur,
Je manquai le jour de poste où je devois vous rendre compte des bontez extrêmes dont le Roy de Prusse m'honore, de celle qu'il a eue de me donner un apartement dans son palais, en attendant que Le roy daigne me permettre de faire mon séjour à Berlin, et enfin de L'envie que le meilleur amy et le plus fidèle allié de sa majesté daigne témoigner de m'avoir auprès de luy.
J'ay fait pressentir le roy, j'ay écrit a madame la marquise de Pompadour. Mr le baron de Chambrier a reçu ordre du Roy son maître de parler à monsieur le marquis de Puisieux et de me demander en son nom au roy. Ce sera un serviteur, un sujet zélé que sa majesté aura de plus chez un monarque que tout rend pour jamais son allié. C'est surtout ce titre cher, de sujet du roy, et de son domestique que je ne veux jamais perdre, et c'est sur quoy monseigneur je vous demande instamment votre protection. Car dans l'appartement du roy de Prusse, je compte être toujours dans votre département. C'est avec ces sentiments et avec l'attachement le plus respectueux que j'ay l'honneur d'être,
Monseigneur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
à Berlin 25 aoust 1750