1753-02-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Georg Conrad Walther.

L'ouvrage que je vous envoye, mon cher Walther, vaudrait baucoup mieux si je ne vous avais pas renvoyé trop tost les livres que vous m'avez redemandez.
Mais le sujet est assez intéressant pour que vous tiriez de ce supplément autant d'exemplaires au moins que du siècle. Je vous prie de me mander si je pourais trouver à Dresde ou à Leipzik, un appartement commode pour moy, un secrétaire et deux domestiques. Je l'aimerais encor mieux à Leipzik qu'à Dresde, parce que j'y travaillerais plus à mon aise, mais il faudrait que cela fût très secret, vous n'auriez qu'à me mander, il faudra s'adresser à Leipzik chez……. Je m'y rendrais dans quinze jours ou trois semaines et alors je vous serais plus utile.

Au reste dans la maison où je serai, il faudra absolument que je fasse ma cuisine. Ma mauvaise santé ne me permet pas de vivre à l'auberge.

Envoyez moy en attendant l'ouvrage à corriger deux feuilles à deux feuilles.

Voicy un avertissement que je vous prie très instamment de faire mettre dans touttes les gazettes.

Vous aurez la bonté de donner au porteur une demi douzaine de suppléments.

Mais surtout envoyez moy à Berlin les feuilles à corriger, et songez que le supplément doit être de la forme du siècle.

Je vous embrasse.

V.

On aprend par plusieurs lettres de Berlin que mr de Voltaire, gentilhome ordinaire de la chambre du roy de France, ayant remis à sa majesté prussienne son cordon, sa clef de chambelan et tout ce qui luy est dû de ses pensions, non seulement sa majesté prussienne luy a tout rendu, mais a voulu qu'il eût l'honneur de le suivre à Potsdam, et d'y occuper son apartement ordinaire dans le palais.