12 septembre [1750] au châtau
Le roy de Prusse m'a ensorcelé mylord, il me fait quitter la France qui est pourtant fort aimable, il me fait sacrifier l'Italie où je voulois aller ce mois cy, le pape que je voulois envisager, le jubilé que je voulois gagner.
J'iray faire un tour dans ma patrie au mois d'octobre, pour y pratiquer le précepte, vende omnia quœ habes et sequere me. A l'égard de quelques titres que j'ay en France, et qui m'attachent encor moins au roy mon maître, que mon zèle inviolable, j'ose croire qu'il faudroit attendre mon retour pour disposer de ces petites places. Ce n'est pas une affaire bien importante. M. le marquis de Puisieux peut en dire un mot à M. de St Florentin. Je vous supplie d'apuyer cette requête. Je demande seulement qu'on attende mon retour. Je ne fatigue point monsieur de Puisieux d'une lettre inutile. Deux mots de vous dans votre dépêche vaudront baucoup mieux. Mais il peut être sûr ainsi que vous mylord, que vous aurez toujours en moy un serviteur attaché sans réserve. Vous pouriez sans tant de mistère ajouter un mot à ce billet. Ce seroit une lettre très bien endossée.
V.
Mille tendres respects.