1772-08-22, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, N’ayant point d’événement bien remarquable à Vous mander, j’ai crue Vous faire plaisir en Vous comuniquant du moins une chose curieuse.
La feuille si jointe Vous en instruira. Vous savés par les nouvelles publiques je pense l’ouverture du Congrès. On nous promet la paix avant la fin de l’anée, mais il n’i a point de certitude sur les événement avant qu’ils existe. Le mois de septembre pourroit avoir les siens; la trève est prolongée jusqu’au dix de notre stile, s’est par là que le Congrès a començé. Au reste monsieur soyés assuré que l’intérêt que Vous m’avés tant de fois témoigné prendre à tout ce qui me regarde est une des choses de ce monde qui me fait le plus de plaisir. Portés Vous bien et continués moi Votre amitié. N’ajoutés point de fois à ceux qui me disent malade, jamais je ne me portais mieux que cette année.

Caterine

PS. Nous avons cette année un Auteur anonime de Comédie Russe qui nous done des caractère nationaux les plus plaisants du monde, et il y jette du sel par poignée. Nous somes tous intriguée à conaitre cet home là, mais il se cache si bien que jusqu’ici persone ne le devine et que chaqu’un attribue ses pièçes à quelques persones du nombre de celles qui composent le cercle où on ce trouve. Il a débuté par nous doner trois Comères qui m’ont pensé faire mourir de rire, puis une famille extravagante, enfin dans six mois de tems il est accouché de sept ou huit Comédies qui font beaucoup de bruit et qui discrédite toute les autres pièçes que nous avions, il y en a entre celle là en vérité de bien bone.