ce 22 aoust [1745] à Paris
Vous deués auoir reçu monsieur l'édition du Louure du poème de mr de Voltaire.
Ie voulois v͞s l'enuoier mais il n'a pas voulu m'en laisser le soin. Ie suis bien aise du moins de v͞s faire voir que i'y ai pensé. I'espère que v͞s reuiendrés vn peu de meilleure heure cette anée. J'y suis intéressée, car ie comte aller la prochaine de très bone heure à Cirey.
Ie voudrois que v͞s me fissiés le plaisir de v͞s informer où l'on fait à Rouen des espèces de petites Curiosités où il y a tout plein de petites figures de cire qu'on fait mouuoir par derière par vne maniuelle. I'en ai vû vne come cela dans les ruës et ie me meurs d'enuie d'en auoir vne si cela est posible. On m'a dit que cela se faisoit à Rouen.
V͞s aués tout perdu de n'auoir point vû jouer Alzire à mll Cleron, c'est vne pièce nouuelle. Le silphe a dû succès à l'opéra et il me semble qu'il en mérite. On ne sait rien de positif sur le retour du roi, mais i'ymagine que cela ne pasera pas le comencemt du mois prochain. Ie suis établie dans ma nouuelle maison où ie suis à merueille et où mr de Voltaire se trouue enfin à son aise. I'ay bien enuie de v͞s y receuoir et de v͞s y asurer de tous mes sentimens p͞r v͞s monsieur.