Je ne puis vous exprimer, mon cher ange, le plaisir que m'a fait votre lettre. Voilà donc enfin cet incident en état, et m. de Four et v͞s en pensés come moi, ie suis très persuadée qu'elle se peut juger sans moi. Elle ne peut esuier aucune dificulté, et ie conois trop bien le conseil de Brabant p͞r craindre la partialité. Ie ne cesse d'escrire à Daguilar p͞r lui recomander la diligence et l'exactitude, mais sans vous cher ange rien n'iroit. J'espère moienant vos bontés que la cause principale sera en état cette anée. Je m'arange p͞r pouuoir auoir la permission de v͞s aller voir alors. Ie v͞s suplie cher ange de prendre vn peu conoisance des preuues que n͞s deuons faire dans cette cause principale. Ie mande à Daguilar de v͞s porter vne grande lettre en forme de mémoire que ie lui ai escrit sur cela, car il faut comencer à faire nos preuues, du moins celles par escrit. Celles que ie dois faire en Allemagne sont toutes prêtes.
I'enuoie à Daguilar par cette poste une attestation de l'universite de Strasbourg qu'il v͞s comuniquera d'abord. Elle roule sur le mot Leibzatch. I'en aurai vne de l'université de Leipsik et vne de celle de Marbourg. Mandés moi si v͞s trouués celle que i'enuoie bien, p͞r le fons et p͞r la [forme] afin que ie me règle sur cela p͞r les autres. On disoit que v͞s pouriés bien auoir la princesse Charlotte, cela pourait v͞s dédomager de l'archiduchesse que v͞s aués perduë; i'ay vû le comandeur de st Germain qui comte v͞s aller retrouuer dans quelque tems. I'enuoie par cette poste à mr de Lanoi la Henriade trauestie. C'est vne plaisanterie qui poura v͞s diuertir. Ie ne doutte pas qu'il ne v͞s la prête. L'auteur trauesti v͞s fait les plus tendres complim͞s. Adieu cher ange, ie v͞s aime de tout mon cœur v͞s le saués bien, mais i'aime à v͞s le dire.