à Paris le 28 aoust 1747
Ie comte v͞s enuoier au premier jour mon cher Daguilar sous l'enuelope de quelques vns de nos ministres le bail de ma maison de Bruxelles afin que l'anée prochaine v͞s doniés congé à tems, et ce que ie trouverai de mémoires de ce qui apartenoit à m. de Voltaire.
Ie suis sûre toujours que tout ce qui étoit dans sa chambre et dans son antichambre lui apartenoit, j'attens le mémoire que v͞s me promettés des choses gardées, car ie ne puis rien décider sans cela, parcequ'il y en a vne partie que ie veux faire venir à Paris et l'autre à Cirey par les équipages de mon beau frère, sans doutte il faudra v͞s paier, et Venderputt aussi sur ses deniers, c'est à dire sur les miens. Ie paserai vos qalifications tout come v͞s me le marquerés, et quand mon acomodem͞t sera terminé ie ne m'en tiendrai pas là; ie v͞s ai trop d'obligation et ie suis trop contente de v͞s p͞r ne v͞s en pas doner des marques.
Quant à ma maison, m. du Hamel qui est ici dit qu'un m. Legrand, entrepreneur des fourages de l'armée du roi, lui a promis de la prendre, et s'il ne la prend pas, qu'un nomé du Tellier la prendra, il ne faut jamais parler que de 300lt. Ces gens sont de la conoisance de la des Vignes et doivent s'adresser à elle, mais come ie n'aime pas à y auoir àfaire, j'ay dit que tout l'emploi que ie lui veux dans cette afaire c'est de v͞s adresser ces gens, et v͞s verés si il y a quelque chose de réel ou tâcherés de la faire reprendre à Ceux qui l'ont, en vn mot v͞s ferés p͞r le mieux et ie m'en raporte à vous. V͞s lui rendrés son billet à cette des Vignes mais bien en retirant la quitance ou décharge généralle. Mon fils heureusem͞t étoit resté auec le ml de Belisle. Ie v͞s remercie de l'intérest que v͞s y prenés et v͞s assure mon cher Daguilar de toute ma reconoissance et mon amitié.
Breteüil du Chastellet