1744-08-15, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Johann Bernoulli.

Ie suis bien fâchée monsieur que mon départ de Cirey me priue du plaisir de v͞s y voir, car ie me flatte que v͞s n'auriés pas refusé la partie que m. de Maupertuis v͞s proposoit.
I'ymagine que les housards et les pandoures pouront bien suspendre son voiage.

M. de Voltaire me prie de v͞s faire mille complimens de sa part, il v͞s prie de lui adresser le liure de votre ami à Paris sous le couuert de m. de la Rainieres. C'est aussi la voie dont ie v͞s prie de vouloir bien v͞s seruir p͞r m'enuoier les estampes que v͞s receurés d'Allemagne, en mettant vne première enuelope à mon adrese faubourg st Honoré, et vne seconde à m. de la Rainieres.

I'ay apris auec quelque plaisir que les 2 Koenig ont été chassés de Bernes p͞r 10 ans p͞r vne afaire qui ne leur fait point d'honeur. Ie tiens cette nouuelle d'un sauant de Genève.

Soiés bien persuadé monsieur d[e] ma reconoisance de toutes vos attentions et que personne ne sera iamais auec plus de considération que moi Votre très humble et très obéissante seruante

Breteüil du Chastellet

V͞s saués sans doutte que m. Godin est de retour.