Ie ne puis vous dire monsieur à quel point ie suis sensible à votre attention et à celle de Mr. votre père.
I'ay reçu le Neuton, et ie v͞s en fais tous mes remerciemens. Voulés v͞s bien v͞s charger de marquer ma reconoisance à mr votre père. D'abord que i'en pourai trouuer un de la même Edition, ce qui, véritablement n'est pas aisé, ie vous l'enuerai, car p͞r celui de mr votre père ie le garderai come mon meuble le plus prétieux. I'espère que par mr le baron de Thun ou par d'autres persones à qui i'en ai demandé, ie ne l'en priuerai pas longtems.
Mr de Maupertuis est dans le moment du départ. La guaieté auec laquelle il n͞s quitte ne peut me consoler de sa perte. Il n͞s fait espérer que tant que mr son père viura n͞s le reuerrons de tems en tems.
Ie n'ai cessé Monsieur de demander des nouuelles de votre pièce depuis que i'ay reçu votre lettre. I'ay même retardé quelque tems à v͞s répondre dans l'espérance de v͞s l'enuoier. Mr Cleraut m'a asuré qu'il n'i auoit plus qu'une feuille à tirer, qu'elle seroit finie incessament, et qu'il n'en auoit encore sorti aucunes. Ie v͞s asure que ie ne la perdrai pas de vuë, et que ie v͞s l'enuerai d'abord qu'elle sera finie. Soiés bien persuadé monsieur des sentimens auec lesquels ie ne cesserai jamais d'être Votre très humble et très obéissante seruante.
Breteüil du Chastellet
à Paris ce 3 jüillet 1745
Mr de Voltaire est très sensible à l'honeur de votre souuenir et v͞s fait mille complimens très humbles.