1742-09-10, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Je ne vous ai pas encore escrit mon cher ami p͞r v͞s marquer ma joie de voir m. votre oncle dans le conseil, mais j'espère que v͞s n'en doutés pas, et que v͞s Etes bien persuadé du vif intérest que ma tendre amitié me fera toujours prendre à tout ce qui v͞s est agréable.
Ie v͞s crois à Paris depuis plusieurs jours, et i'en fais mon complim͞t à m͞e Dargental et à vous. P͞r moi ie suis ici dans les horeurs de la procédure, trauailant beaucoup et n'auançant guères. Ie ne crois pas que ie puise voir la fin de mon incident pendant le tems que ie puis rester ici, et ie v͞s auouë que ie m'en désole. Vous saués que votre ami a Eté voir le roi de Pruse, il n'a point abusé de sa liberté car il est parti le lundi, et il est reuenu le samedi. Il lui a fait d'aussi beaux présens que les autres fois, et ie m'y attendois bien. Adieu mon cher ami, i'ay bien enuie de me retrouuer auec vous, ie crois que v͞s n'en doutés pas. Mille choses tendres ie v͞s prie à m͞e Dargental.