1748-10-17, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mon cher ami, mr de Voltaire v͞s a instruit des raisons qu'il a cru auoir de rester ici.
Ie v͞s jure que ie n'i ai nulle part, et que ie m'immolois très volontiers p͞r son bien, d'autant plus que ie comte v͞s reuoir incessament, mais j'ay pensé come lui que tout cela pouuoit aussi bien se traiter par lettres, et que ce seroit un grand désagrém͞t suposé qu'on ne pût pas empêcher la parodie de Semiramis, par éxemple, d'ariuer la veille ou le lendemain qu'on la joueroit. Le r. de P. a escrit à la reine p͞r la prier de l'empêcher. Il a des bontés infinies p͞r votre ami. Ie crois que l'abé de Bernis doit être content de lui, et qu'il répondra à sa confiance par une discrétion à toute épreuue. Ie voudrois bien que tout ce train sur Zadig finît. V͞s saués bien que mon sort est décidé, on reforme le comandement de Loraine. Ie ne puis trop me louer des bontés du r. de P. à cette ocasion, et assurém͞t ie lui serai attachée toute ma vie. Dites des choses bien tendres p͞r moi à mer Dargental. Adieu mon cher ami, i'ay bien enuie de me retrouuer entre v͞s deux, et assurément ce ne sera jamais aussitôt que ie le désire.