1742-10-21, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Je suis toute Etonée de n'auoir pas eü de lettres de v͞s mon cher ami, ie v͞s crois bien fâché de voir vos craintes vérifiées.
V͞s sentés bien que n͞s somes outrée. M. de Voltaire v͞s a escrit hier et v͞s a fait part de ses démarches et de ses soupçons. Ie tâche de le consoler, et i'ay besoin de consolation moi même, cela déroutte tous nos projets, et m'ôte toute enuie de partir d'ici. Tiriot mande aujourd'hui à votre ami qu'il court dans Paris une lettre de lui au procureur général. Certainem͞t il ne lui a pas escrit, mais cela me fâche, car on ^supose donc qu'il faut lui escrire, mais n͞s ne voulons rien faire sans vos ordres et n͞s attendons de vos nouuelles auec impatience. Dites à madame Dargental mille choses p͞r moi. La Bonardiere me mande que l'afaire des tapisseries est finies, mais il lui en aura sans doutte rendu compte. Adieu mon cher ami, ie v͞s embrase bien tristem͞t et bien tendrement.