1748-08-20, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Enfin mon cher ami, dieu n'a pas voulu que ie joüisse du plaisir de v͞s receuoir à Cirey auec md Dargental.
Ie vous assure que ça été vne grande priuation p͞r moi, le plaisir de jouer le silphe et une très jolie comédie ne m'en a point consolé surtout quand i'ay pensé que md Dargental et v͞s v͞s auriés pu être témoin de tout cela, et que c'est sa santé qui v͞s en a empêché. Ie suis en peine aussi de la santé de mr de Pondeueyle. Ie v͞s suplie de m'en doner des nouuelles et de lui marquer l'intérest que i'y prens. N͞s somes dans l'attente du succés de Semiramis car ie ne puis me persuader qu'elle trompe nos espérances, et n͞s n͞s flattons bien que v͞s ne n͞s laisserés pas ignorer nos triomphes. Votre ami comte en aller joüir, et surtout du plaisir de v͞s voir, auec le r. de P. quand il ira à Trianon. Mais i'espère bien que v͞s ne le garderés que le tems du voiage du roi. Il doit être plus attaché que iamais à ce payis cy car le r. de P. lui a donné les distinctions les plus flatteuses et qu'il n'accorde que très difficilement.

Adieu mon cher ami, aimés n͞s, escriués n͞s, donés n͞s des nouuelles de la santé de md Dargental et dites lui combien n͞s l'aimons et vous aussi.

Voilà vne lettre qu'on m'a adressé pour vous, i'en ai fait renuoier d'autres qui me sont reuenues, cela me fait saigner le coeur de voir qu'on v͞s a escrit à Cirey et que v͞s ni aués pas reçu vos lettres.