1736-12-14, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Nicolas Claude Thieriot.

Votre amy est parti pour la Prusse depuis quelques jours.
Il comtoit receuoir de vos nouuelles auant son départ. Il v͞s escrira sûrement dès qu'il sera arriué. Si v͞s aués en attendant quelque chose à lui mander, v͞s pouuez me L'enuoyer, il m'a donné des adresses sur sa route. C'est auec vne douleur extrême que ie l'ay vu partir, mais ie n'ay pue désaprouuer qu'il répondit par son empressement aux bontés dont le prince royal le préuient. La dernière lettre que mr votre frère lui a enuoyée est encore s'il est possible plus flatteuse que la première. On seroit bien heureux d’être gouuerné par vn tel prince et ie v͞s félicite d’être à portée d'auoir quelque comerce auec luy. Ie v͞s suplie pendant l'absence de votre ami de me mander des nouuelles, v͞s croyés bien que c'est de celles qui le regarde dont ie suis curieuse, principalement, de la façon dont son voyage en Prusse sera pris dans le monde, et de la destinée du mondain. Ie vous auray monsieur vne extrême obligation. Ie voudrais sauoir aussi si l'on reprendra l'enfant, enfin tout ce qui peut auoir quelque raport à lui. Ce sera vne consolation p͞r moi pendant son absence d’être en comerce auec un home qui L'aime aussi véritablement que vous. Vous saués Monsieur auec combien d'estime je suis Votre très humble et très obéissante seruante

Breteüil Duchastellet