1748-06-22, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Jean François de Saint-Lambert, marquis de Saint-Lambert.

Escriués moi toujours

Il y a assurém͞t du malheur sur mes lettres, ie v͞s jure que ie n'ai pas passé vn jour de poste sans vous escrire, et que ie n'ai jamais enuoié vne lettre à la poste p͞r m͞e Bouflers, sans y en enuoier vne en même temps p͞r v͞s.
Non ne soiés point en colère contre moi, ie v͞s aime passionnémt, ie ne suis pas maitresse de ne v͞s le pas dire, il faut que ie me liure au plaisir de v͞s montrer toute l'impatience que i'ay d'être au 1er de juillet, toute la joie que ie sens de penser que ie vais v͞s reuoir, si v͞s êtes sensible au plaisir d'être aimé v͞s deués être bien heureux. Ie pourois v͞s quereller sur votre dernière lettre, mais ie ne puis que v͞s aimer et v͞s le dire. V͞s pouués bien auoir quelques torts, mais ie crois voir que v͞s m'aimés véritablem͞t, ainsi v͞s ne pouués auoir aucun tort. I'espère que v͞s êtes à Comerci, ie n'ai pas pu faire vne ligne à Neuton depuis que ie suis ici, ie n'ai pensé qu'à v͞s, car le comandem͞t qui me done tant de tourmens c'est encore v͞s puisque c'est ce qui décidera si ie passerai ma vie auec vous, mais aimés moi autant que v͞s le deués et ie ne conaitrai aucun malheur. Il est 5 heures du matin, ie me meurs, ma santé dépérit, mais mon amour augmente.