1772-01-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louisa Ulrica, queen of Sweden.

Madame,

Le Roi vôtre frère a daigné me faire savoir avec quelle bonté vous avez daigné lui parler de moi.
Plût à Dieu que je pusse achever ma vie à vos pieds et aux siens. Je n’ai jamais tant regretté Berlin que lorsque Vôtre Majesté y est réunie avec son auguste famille. Elle doit y jouïr de tout le bonheur que la tranquilité peut ajouter à la gloire. Sœur de héros et mère d’un Roi digned’elle, entourée de Sceptres et de Lauriers, goûtez longtems tous les avantages de la situation la plus brillante de la terre entière.

Daignez agréer, Madame, mes vœux ardents pour la continuation de toutes vos prospérités, et permettez que la faible voix d’un vieux solitaire se mêle à toutes celles qui bénissent la destinée en prononçant vôtre nom.

Je suis avec un profond respect

Madame

De Vôtre Majesté

Le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire