à Ferney 28e 9bre 1770
J’ai l’honneur, Monsieur, de vous envoier une attestation que je vis toujours.
Ma Colonie même de Ferney vit aussi, quoi que Mr le controlleur général lui ait porté un coup mortel en mettant la main sur deux cent mille francs que Mr De la Borde me fesait valoir. J’ai bâti onze maisons; j’ai attiré quatre cent étrangers dans un village qui ne contenait que quarante pauvres. J’ai établi un commerce qui s’étendait tous les jours dans les païs étrangers. Le coup fatal porté sur les rescriptions n’a pu détruire entièrement cet ouvrage qui était protégé par le Roi.
J’aurai besoin de quelque argent au mois de Janvier. Le Roi de Dannemark a sans doute fait déposer chez vous deux cent Louis d’or, ainsi les mille écus de Made Denis pouront lui revenir. Il faudra partager entre elle et la famille tout ce que la succession de Guise fournira. Ainsi je vous prie de me permettre de tirer sur vous au mois de Janvier. Ma fabrique de montres mérite que vous vous y intéressiez. On ne travaille pas mieux à Paris et à Londres, et la fabrique de Ferney est moins chère d’un tiers. Si jamais quelqu’un de vos amis veut un joli ouvrage à bon marché il n’a qu’à le commander à la fabrique, on le lui enverra à Paris franc de port et garanti.
J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire