1769-12-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Voicy le fait, mon cher justicier, qui ne dédaignez pas le plaisir honnête de la Comédie.

La succession de Guise doit environ trente mille francs, le Duc de Richelieu environ douze. Partagez celà entre vous quatre.

Les tîtres concernants la succession de Guise sont entre les mains de Mr Denis le fils.

Nommez un procureur qui agisse selon vos ordres; il faudra bien que l'argent vienne.

Sirven a gagné son procez en première instance autant qu'il le pouvait gagner. Les juges qui voulaient le faire rouer, ont été obligés de lui ouvrir les prisons, et de lui donner main levée du peu de bien qu'il a. Il s'adresse au parlement pour des dédommagements que peut être il n'aura point; mais ce parlement de Toulouse est très favorablement disposé pour lui; il y a une douzaine de jeunes philosophes qui feront leurs éfforts pour expier le sang de Calas en protègeant Sirven. J'ai la main heureuse depuis quelque tems.

Rumor ad nostras allobrogas aures pervenit

de certains arrangements de finances qu'on doit proposer à vôtre parlement de Paris, ou qu'on a déjà proposés, ou qu'on ne proposera point. La France est une grande Dame dont les affaires sont un peu dérangées, mais qui trouve toujours crédit chez les marchands.

J'embrasse Monsieur Le Turc; je m'afflige avec lui des déconfitures de Moustapha, mais je m'en réjouis avec L'Impératrice Catherine.

Madame De Florian ne revient elle pas incessamment?