1769-12-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Frédéric Gabriel Christin.

L'hermite de Ferney fait les plus tendres compliments à son cher philosophe de st Claude.
Pourvu que dans un mois on ait quelques morceaux de jurisprudence depuis la Lettre a jusqu'à la Lettre e, on sera très content.

Il est instamment prié d'écrire à son ami qui est emploié en Lorraine; de dire bien positivement où en est l'affaire de ce malheureux Martin; si on la poursuit; si on a réhabilité la mémoire de cet homme si injustement condamné; si c'est à la Tournelle de Paris que la sentence fut confirmée. Cette affaire est très importante. Ceux qui l'ont mandée à Paris sur la foi des lettres reçues de Lorraine, craignent fort d'être compromis si malheureusement l'ami de monsieur Christin s'est trompé.

Sirven a été élargi, et il a eu main levée de son bien malgré la bonne volonté de ses juges subalternes qui voulaient le rouer absoluement. Il en apelle au parlement de Toulouse qui est très bien disposé en sa faveur, et il espère qu'il obtiendra des dédommagements.

J'embrasse bien tendrement mon cher petit philosophe.

V.