à Fernex, ce 11 juin, 1770
Monsieur,
J'ay eû l'honneur d'écrire à Monsieur Bertrand, le conseiller, toutes mes tentatives auprès de Madame Denis, et celles de Madame Denis auprès de Monsieur De Voltaire, en faveur de Votre nouvelle Typographie, et quel en a êté Le succez.
Je ne vous Le répéterai point, par ce que Monsieur Le conseiller aura sans doute La bonté de vous communiquer ma Lettre, et par ce que Madame Denis vient de me dire qu'Elle vouloit vous L'êcrire par La même poste. Elle m'a même ajouté qu'il étoit inutile que je vous êcrivisse. Je Lui ai répondu que j'êtois obligé de Le faire, pour vous envoyer une pièce que vous m'aviez demandée, et que je ne vous dirois pas un mot de ce dont Elle veut vous instruire. Ces petits vers furent faits dans une grande table, où Madame La duchesse de La Valière demanda à Monsieur De Voltaire qu'il Luy fît son portrait. En peintre admirable et unique, il répondit sur Le champ:
Comme je Les ai dits plusieurs fois à Mr Cramer, et à quelques uns de ses amis, je ne sais s'il ne Les aura pas mis dans ses dernières éditions.
Je vous enverrai avec exactitude touts Les petits ouvrages, qui pourront sortir de La même main. Que ne puis-je vous Les porter moi-même! Jamais il n'y eut invitation plus flatteuse que celle que vous me faites d'aller vous voir. Tout mon cœur vole à Neufchatel. Mais ma pauvreté, mes indispositions, mon âge ne me permettent plus Làdessus que des désirs. Je n'ai eû Le bonheur de vous voir qu'un moment, mais vous m'avez laissé un souvenir et des sentiments éternels. Tels sont Le respect sincère, et Le vif attachement, avec Lequel j'ay l'honneur d'être
Monsieur
Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Adam