à Paris ce 9 [January 1744] au soir
Enfin donc mon cher et respectable amy Mr de Fenelon m'a remis les médailles du roy, et le portrait de la reine mère, et celuy de cette divine princesse Ulric, le tout acompagné d'une lettre du roy la quelle vaut presque pour les agrémens, le portrait de ma princesse, si quelque chose peut la valoir.
Il faut être aussi honnête homme que M. de Fenelon pour n'avoir pas gardé touts ces chef d'œuvres pour soy. Voicy une copie de la petite réponse que je fais à la princesse Ulric. Elle mérite mieux, mais j'aime encor mieux m'acquiter vite de mon devoir que de perdre du temps à chercher ce que peutêtre je ne trouverois pas. Je suis en peine de savoir si le seigneur de Malebouche aura présenté mes paquets. Si cet homme est aussi agréable aux gens présents qu'il est dangereux pour les absens il doit être le plus aimable homme de la terre. Il n'y a rien de nouvau que ce que vous connaissez par les nouvelles publiques. Nos préparatifs sont immenses. L'armée de M. le prince de Conty et de don Philippe sera d'environ quatre-vingt mille homme. Jugez du reste. Si vous aviez quelquefois des brochures qui valussent la peine d'être lues, vous me feriez un grand plaisir de me les envoyer sous le couvert de M. de la Reiniere, fermier général des postes. Votre correspondance seroit la seule chose qui me consoleroit de vous avoir quitté, si la personne qui vous aime tant sans vous avoir vue ne faisoit pas une partie de la consolation. Bon soir. Cette personne vous fait mille compliments et vous savez à qui j'en fais. Bon soir homme charmant.
Apropos avant hier madame la duchesse de Lavaliere me disoit qu'elle étoit difficile à peindre. Voicy son portrait que je fis sur le champ. Ne ressemble t'il pas comme deux goutes d'eau à votre amie?
J'envoye sous votre enveloppe un paquet long et plat au roy. C'est Mr de la Reiniere, fermr génal des postes qui l'adresse port franc.