1744-01-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Graf Otto Christoph von Podewils.

En vous remerciant homme adorable de vos pièces d'éloquence.
Si vous avez trouvé quelques fautes dans les manuscrits de la Croze, elles viennent de la négligence des copistes, je vous en demande pardon pour eux et pour moy.

Le caractère d'Orcan dans la 25elettre est horrible; il en sera désespéré et le sultan en rira. Mais qui se donnera la peine de lire un si mauvais livre? Le pauvre auteur inonde le public d'ouvrages misérables. Il y en a un autre contre moy intitulé remarques sur la métaphisique de Newton et de Leibnitz contre M. de Voltaire. Il se vend chez Gosse à la Haye. Voudriez vous avoir la bonté de mettre cette brochure dans un de vos paquets à Mr de la Reiniere, fermier génal des postes? S'il y a du bon j'en profiteray. Baucoup de nos officiers sont déjà partis pour L'armée du Dauphiné. Je leur souhaitte seulement de revenir, c'est une entreprise au dessus d'Annibal de passer àprésent les Alpes. J'aime mieux faire jouer icy Mérope. La marquise vous fait ses compliments, elle vous aime comme si elle avoit vécu avec vous. Mes respects à l'amie. Ne manquez pas de m'envoyer je vous en prie une petite note du port qu'on vous a extorqué. N'ayez point de fausse délicatesse avec le sultan, et n'oubliez pas que ma lettre est dattée du 31.

La riverisco, l'amo, l'amero sempre.

V.

Je mets parfois mes lettres à la poste deux ou trois jours avant le départ du courier, mais aujourduy le courier va partir.