ce lundy 10 février [1744] à trois heures du matin, doit partir demain mardy à dix heures
Je crois mon cher et respectable amy que le prétendant est à Antibes; du moins on le disoit hier à Versailles.
Ce n'est pas tout à fait le chemin de Londres. Notre flotte est à la voile, et tout Paris est au bal. On rejoue Merope avec un succez prodigieux. Nous avons une mademoiselle du Meni qui fait fondre en larmes pendant cinq actes. Je suis bien fâché que vous ne puissiez pas voir notre spectacle. Jamais il n'a été si parfait, j'entends de la part des acteurs. Je ne sçai pas ce qu'on fera sur la frontière, mais Paris sera toujours le paradis terrestre. Musique, soupers, bals, téâtres, amours, sciences, société, il ne me manque icy que vous et votre adorable amie à qui je présente mes regrets et mes respects. Je vous envoye Acajou par mr de la Reiniere. Ecrivez à mr de la Bonardiere, près de l'hôtel Charost, fauxb st Honoré. Mais quand vous enverrez gros paquets, adressez les à mr de la Reiniere.
Je vous embrasse tendrement.
J'ay tout reçu en son temps.