1773-06-17, de Antoine Adam à Jean François Coste.

Monsieur,

Vous m’avez donné tant d’assurances d’amitié et de bonne volonté, que j’ose avec confiance vous demander une grâce.

Sa Majesté veut bien ajouter quelque chose aux pensions des jésuites selon leur âge. A 60 ans, Elle leur donne une augmentation de 100lt, et de 200lt à 70 ans. Je suis depuis sept ans et demi dans le cas de profiter de ses premières bontez. Mais il faut le prouver, par un acte authentique aux personnes qu’Elle a chargées de leur distribution. Faites moi la grâce de demander mon extrait baptistaire à Monsieur Le Curé de St Sébastien, qui trouvera le jour de mon baptême, Le 20 décembre de l’année 1705, et de Le faire bien et duëment Légaliser, de maniére à faire preuve incontestable dans touts Les tribunaux du monde. Je vous prie de me L’envoyer au plus-tôt.

Nous avons êté dans Les plus grandes allarmes au sujet de Monsieur De Voltaire. Mais, grâces à dieu, nous en avons êté quittes pour la peur. Monsieur Revillon a beaucoup contribüe à sa guérison. C’est un médecin trés aimable et trés habile. Il étoit digne de vous succéder.

On vend aprés demain à Dijon Les biens des pauvres jésuites d’Ornex. Mr Le baillif de Brosses, Mr Le Lieutenant colonel de Crassy, et Mr Fabry, maire de Gex, sont les principaux prétendants, et vont se Les disputer à L’enchére.

Je vous demande en grâce de remettre vous-même L’incluse à son adresse. Je serai charmé de procurer à ma niéce L’honneur de vôtre connoissance. Je la prie de vous rendre tout ce que vous aurez déboursé pour La commission. Vous m’obligerez Le plus sensiblement par toutes Les bontez, dont vous voudrez bien l’honorer. De touts mes parents, c’est l’unique qui me reste sur La terre.

J’ai L’honneur d’être avec L’attachement Le plus sincére, et Le plus respectuëux

Monsieur

Vôtre trés humble et trés obéissant serviteur

Adam

Mille et mille respects à Madame vostre épouse.