Genêve ce 6e may 1772
Monseigneur,
Je n’ay qu’un instant pour m’informer des nouvelles de la santé de Vôtre altesse Sérénissime, parce que je me suis occupé jusqu’à ce moment à Copier la Bégueule, que je vous envoye tout de suitte.
Je l’ay Copié sur le manuscrit de notre ami qu’il m’a Confié pour quelques heures. Il faut vous instruire que L’envoy à mad. de Floriant qui est à la fin, amusera baucoup de monde d’ici quand il le verrons; mr de Floriant avoit épousé la niéce Cadette de nôtre ami, Elle est morte il y à un an, nôtre ami pour le Consoler, L’a marié à une génévoise, qui avoit été mariée à un génévois, et qui avoit obtenu son divorce. Ce mari est vivant, mais un fou, qui a de L’esprit plus qu’on ne peut exprimer, mais très singulier. Nôtre ami a eû baucoup de peine a trouver un prêtre qui voulût les marié parce que le premier mari est vivant, et qu’on admet point de divorce dans l’église Romaine. Enfin, ils sont mariés, demeurent à Fernex et sont tous très contens. Nôtre ami se porte bien, mais Lui et moi n’avons qu’un cris pour voir Monseigneur le landgrave, nous le Conjurons à Genoüil de nous donner cette satisfaction. Le Courier vas partir, je n’ay que le tems d’assurer Mon Cher Prince que je suis toute à lui, rien n’est plus vray de même que le profond respect avec lequel je suis,
Monseigneur
De vôtre Altesse Sérénissime
La trés humble et trés obéissante servante
Gallatin née Vaudenet
Mon mari et mes filles prient Vôtre Altesse Sérénissime de recevoir leurs profonds respects.